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Harvest (moisson)

19 juillet : le moment est venu de terminer ma récolte.

Ce que vous trouverez sur ce site fait état de ce que j'ai vu et entendu dans les structures sanitaires et médico-sociales du Nord et du Pas-de-Calais entre septembre 2016 et juin 2016 dans le cadre du projet interministériel Culture Santé.

Il s'agit maintenant de rassembler cette matière dessinée, photographiée, écrite, vécue dans ma forge personnelle et d'en sortir quelque chose d'autre, quelque chose qui fasse récit et qui aille plus loin que l'expérience vécue. Éventuellement quelque chose de beau.

Quelque chose qui noue le réel et l'imaginaire.

Il y a un peu plus d'un mois, à l'IME de Douai, le Phoenix a pris son envol.

Patiemment fabriqué par les enfants et par les jeunes gens qui résident dans l'établissement, depuis la structure métallique jusqu'au logo complexe qui le représente (voyez, plus bas, les photos), tracté par une grue, accompagné par une musique spécialement écrite pour l'occasion, l'oiseau prenant son envol a dégagé une telle émotion qu'il m'a semblé évident – si jamais je n'y croyais plus – que l'art avait sa place partout là où on ne l'attendait pas.

Le Phoenix tel qu'Aymeric et les jeunes gens de l'IME l'ont conçu est porteur de récit, de symboles, d'imaginaire – il a trouvé sa place dans le réel.

Le réel a influencé la musique de DDDIXIE et Marklion, qui sont venus toutes les semaines à l'EHPAD de Wattrelos, pendant plusieurs mois, pour rencontrer les résidents et composer leur musique. Dans les premiers temps, les deux musiciens ont dû revoir leurs projets : les résidents ne voulaient pas faire de la musique, même avec des instruments très simples. Ils préféraient parler. Alors, les deux hommes en ont pris leurs parti et ont intégré à leurs morceaux des séquences parlées, des sons du lieu. DDDIXIE raconte : la musique que je venais fabriquer ici était très différente de celle que je compose chez moi : il y avait plus d'intuition, plus d'expérimentation.

Accepter la fragilité de nos projets (projet au sens de brouillon) dans un réel régi par des protocoles et des objectifs prédéfinis ouvre quelque chose de neuf.

À Fruges, Florent Lamouroux a imbriqué dans le réel plusieurs labyrinthes, qu'il a élaboré avec les enfants et les jeunes gens, inventant pour eux des consignes simples qu'ils pouvaient expérimenter sur des feuilles, puis en volume, puis à l'échelle des bâtiments.

Comme une grande ligne noire que l'on a dû reporter du plan sur le sol – un véritable travail de géomètre, très sérieusement réalisé par les jeunes gens de l'IME. Étape après étape, ils ont pu aborder des questions abstraites d'espace, de plan, d'échelle, en passant par le jeu et par la sensorialité.


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