Truquer pour dire
Lucie Pastureau et Lionel Pralus (du collectif Les Faux-Amis) viennent régulièrement au C.H. du Cateau-Cambrésis pour rencontrer les gens du service d'addictologie. Ensemble, ils font de la photographie. Rue des pierres jumelles, à l'arrière du bâtiment, un petit groupe de personnes sont réunies autour d'une table. Elles s'apprêtent à poursuivre leur travail de mise-en-scène photographique, réalisé à partir de leurs souvenirs et à l'aide des matériaux que Les Faux-Amis ont amenés – une tête de mort, des tissus, des fleurs de plastique, un vase en forme de poisson, des cartes à jouer, des miroirs, des bijoux, un insecte sous vide... Multipliant aujourd'hui les mises en abîme, ils remettent en scène les photographies qu'ils ont réalisées la dernière fois. On s'affaire, on cherche, on parle peu, mais on rit, on s'aide et on s'implique. Sur les murs, les travaux de l'an passé : sténopés tirés et développés par les participants, images hybrides qui ne cherchent pas à reproduire le réel mais plutôt à dire sa complexité, son épaisseur, avec les moyens du bord et beaucoup d'honnêteté. Ici on truque avec du vrai : pas de photoshop, peu de postproduction mais un patient travail de mise en scène, d'échelle, de lumière, de cadrage et d'angle de vue –un travail qui se fait en collectif et qui cherche à résoudre des questions de représentation, des questions d'être, des questions d'intimité, sans épanchements.