Saisi au vol
Pendant trois ans, nous avons travaillé comme ça, avec la musique.
Ça marchait.
Comment, aujourd'hui, reprendre des risques ?
Comment trouver de nouvelles idées ?
Peut-être en expérimentant un nouveau domaine artistique ?
Le travail en transversal a ceci de difficile, au sein des établissements de santé, qu'il faut considérer différents types de prises en charge et différentes typologies de patients.
Certains hospitalisations sont longues alors que d'autres sont courtes.
Certaines concernent le soin pur, d'autres incluent un projet de vie.
Il faut également savoir différencier les attentes des soignants de celles des soignés.
Polariser les délégations de soin sectorise l'hôpital.
Poussée à son extrême, cette sectorisation aboutit à la création (de fait) d'autant d'hôpitaux que de pôles et donc d'autant de modalités fonctionnelles. Il faut s'adapter à cette diversité.
Dans le médico-social, l'expression et la culture existent depuis longtemps, elle sont inscrites dans le projet éducatif.
Elles sont au centre de ce projet.
À l'hôpital, la culture est une nouveauté : le soin est au centre, la culture est en périphérie.
Comment faire pour que les personnels s'impliquent ?
Nous voulons leur proposer quelque chose en plus.
Les faire entrer en douceur dans un projet en espérant une émulation pour les années suivantes.
Mais nous arrêtons aussi de travailler avec les équipes qui, au bout de trois ans, ne participent toujours pas de bon gré.
Les équipes sont réduites, il y a un fort turn over, les finances sont fragiles – il faut le dire aussi, voilà la situation de l'hôpital aujourd'hui.
(L'argent manque de plus en plus à la culture. La situation des artistes se précarise. Eux aussi connaissent une violente forme de turn over.)
Quasiment aucun projet artistique n'est pensé sans le corollaire suivant : qu'il soit également bénéfique aux patients sur le plan thérapeutique. Les quelques établissements qui se démarquent de cet angle de vue se positionnent alors sur le thème de l'échappée : que le patient puisse penser à autre chose.
L'art permet-il de penser à autre chose ?
Penser à autre chose que quoi, d'ailleurs ?
J'aurais pourtant dit l'inverse - l'art permet de ne pas penser à autre chose.