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Beaucoup de questions, peu de réponses

Nous sommes nombreux, autour de la table.

Le projet vient de se dérouler dans trois établissements (deux IME, à Aire-sur-la-Lys et Longuenesse + un MECS à Calais) et a impliqué trois artistes soutenus par la Compagnie Générale d'Imaginaire : le rappeur Mwano, la dessinatrice Élise et Lo, qui a porté auprès des éducateurs un ensemble d'entretiens sur la place et la fonction des projets artistiques et culturels en institution.

Permettez-moi de livrer, sans autre forme d'enrobage, quelques unes des préoccupations que j'ai pu saisir dans cette discussion.

  1. En IME, l'art est au centre de notre pratique mais loin de notre réalité en terme de fonctionnement. Il a fallu dédramatiser les entretiens, mais une fois qu'il a été clair qu'il n'y avait pas de bonnes ni de mauvaises réponses, le retour a été positif, dans le sens où il y a eu un échange. L'art est différent des techniques éducatives. Mais ça nous a permis de réfléchir un moment à des choses auxquelles on réfléchit très très peu.

  2. Le MECS de Calais accueille des enfants migrants. Le contexte est compliqué. On ne se pose pas toutes ces questions quand on a d'autres urgences. Il faut combler la journée en fonction des événements qui nous arrivent. Nous devons accueillir des mineurs au-delà de nos capacités, il y a toujours des imprévus. Mais c'est un travail passionnant : quand on arrive le matin et qu'on ne sait pas ce qui va nous tomber dessus.

  3. Lo a voulu questionner le système, pas les individus. Dans les formations d'éducateur, quand est-ce qu'on parle d'art ? Où est-ce qu'on va chercher les infos ? Qu'est-ce qu'on peut imaginer pour transformer les choses ? Tout ça est une utopie, oui. Mais c'est pas grave : c'est important de commencer à se poser des questions.

  4. Question : que faudrait-il changer ?

En quoi l'art permet-il de changer ?

  1. Quelle est la place de l'artiste au sein de l'institution ?

- délivrer des ateliers de pratique artistique (ce qui implique de transmettre un savoir) - être dans sa recherche personnelle de création (ce qui implique de déplacer son atelier au sein de l'institution) - inventer en permanence des formes qui répondent aux contextes qu'il traverse et aux rencontres que cela suscite – c'est à mon sens la manière la moins clivante d'être dans le monde et d'unifier son identité en tant qu'être humain (artiste) en relation avec d'autres êtres humains.

  1. Contexte : stimmung (humeur, ambiance, le bruit secret du monde)

  2. Dans ces institutions où la culture est au centre des projets de vie, les éducateurs ont déjà mis en place des ateliers de pratique artistique. L'artiste arrive sur un terrain déjà occupé. Comment laisser la place à l'autre ? Comment cohabiter et même collaborer ?

  3. Qui, de l'artiste ou du public, se nourrit le plus ?

  4. Pourquoi c'est si compliqué de trouver, chacun, nos places ?

  5. Comment créer de la transversalité ? Comment faire pour avoir une vraie transversalité sans que personne ne se sente dépouillé de son identité et que tout le monde se sente nourri ?

La transversalité : c'est un projet de société.

  1. Comment donner des outils er des moyens pour que chacun puisse s'emparer d'un projet qui est un projet de structure et pas un projet de groupe.

  2. Oui, on a parfois l'impression de taper dans du granit, sur ce sujet.

  3. Être artiste, être éducateur, être pédagogue : en France, tout doit rentrer dans une case.

Les questions se posent avec la tête, les réponses se donnent avec le corps.

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