top of page

Les ateliers du sixième étage

Rendez-vous tous les quinze jours à la médiathèque de Saint Maurice, sortie St Maurice Pellevoisin.

Une fois sur deux, c'est à la médiathèque qu'a lieu l'atelier d'écriture.

Une fois sur deux, et c'est le cas ce samedi, Carole Fives, écrivain, emmène le groupe à la clinique privée La Louvière.

Nous suivons le vigile jusqu'à l'ascenseur de service, direction sixième étage. Tout en haut, les couloirs sont déserts. Sur une porte, il y a écrit : « cuisine ». Sur une autre : « restaurant des médecins ».

Nous entrons dans une troisième pièce allongée, camaïeu de marrons et de gris, longue baie vitrée donnant sur le ciel. Un thermos de café chaud nous attend sur la table mouchetée, des gobelets de plastiques blancs, des cuillères de plastiques blanc.

Tour de table des prénoms. Nous ne sommes pas nombreux aujourd'hui – c'est les vacances.

La ville en contrebas semble appartenir à un autre monde. Des arbres, une barre d'immeuble jaune sale, une tour blanche, un, deux, non : trois clochers, des arbres, d'autres barres d'immeubles, un château d'eau et puis la multitude de maisons de briques rouges blotties les unes contre les autres.

Carole donne calmement les consignes d'écriture et la durée des exercices. Puis elle propose à ceux qui le veulent de lire leurs textes. Elle écoute, et dit tout à la fin ce qu'elle a entendu, sans aucune forme de jugement. Au bout d'une heure, sur la table, voici ce que l'on trouve :

les papiers rouges éparpillés, vidés, froissés des speculoos, sortes de mues, comme celles des serpents,

une monographie de Magritte,

une trousse d'écolière en cuir, sur laquelle on a écrit (sûrement les mots des copines),

deux téléphones, un ordinateur,

une bouteille d'eau,

une tablette de médicaments,

un chapeau,

des cours de japonais,

une série de Haïkus,

un paquet de mouchoirs, une télécommande, deux sacs,

les feuilles détachées des carnets, les carnets eux-mêmes, cahiers, stylos, crayons

un dauphin,

une femme bleue,

plusieurs paysages de l'enfance,

un enfant,

deux mammifères.

Le tout, dans un très grand silence et sans autre lumière que celle, sourde, blanche, diffuse, jamais franche, semblant contourner les êtres et les choses, les modelant plutôt que révélant leurs arêtes – la lumière d'hiver.

Une jeune femme se penche vers sa mère et lui murmure quelque chose à l'oreille. Elles rient.

Voici quelques phrases, que j'ai relevées, écrites par les participants :

La nuit, je découvre l'autre côté de la vie

La nuit j'aménage mon espace intérieur

La nuit je ne compte plus

La nuit je laisse les événements de la journée se reconstituer de manière aléatoire et insensée

La nuit je peux être et oublier

Carole Fives, Julien Bucci et les participants aux ateliers d'écriture travaillent sur les rêves.

bottom of page